Par Brigitte RUIZ , professeure d'EPS (Lycée Virlogeux, Riom.63) membre du "Groupe Plaisir" de l'AE-EPS. Retrouvez l'ensemble des pistes pédagogiques du groupe Plaisir et EPS de l'AE-EPS dans notre rubrique MOBILISATION.
En France, l’enseignement de l’Éducation Physique et Sportive est fondé sur la pratique d’activités physiques, sportives, artistiques ou d’entretien, considérées à la fois comme buts et moyens du processus éducatif. Ces activités font partie de notre patrimoine culturel et donnent du sens au développement de la motricité au travers d’apprentissages signifiants. Mais elles contribuent également à la structuration de la personne par l’entremise de relations humaines indispensables pour pratiquer.
Elles provoquent généralement une forte implication émotionnelle de par l’engagement que suscite l’enjeu du jeu, lui-même induit par les modalités qui règlent la victoire et/ou la réussite.
Mais deux conditions sont nécessaires pour que cet enjeu soit mobilisateur et se transforme en plaisir d’agir et en désir d’apprendre :
- qu’il conserve sa dimension symbolique et culturelle qui fonde et entretient son existence ;
- qu’il soit immédiatement accessible au pratiquant pour qu’il puisse jouer rapidement et générer ainsi des conduites attractives. Car c’est d’abord en jouant qu’on apprend à jouer puis à mieux jouer pour être efficace.
Par exemple, faire jouer au basket-ball des élèves du cycle 3, inexpérimentés, avec les règles conventionnelles de ce jeu, même dans un 3 contre 3 avec des paniers abaissés, peut être très démobilisateur s’ils n’accèdent que très rarement à la cible et ne marquent jamais de panier. La dimension symbolique et culturelle est conservée, certes, mais la réussite et le plaisir sont largement différés ! Toutefois, les faire jouer à une « passe à 10 orientée » est sans doute plus accessible mais le sens originel de l’activité est dévoyé.
Ajuster l’enjeu du jeu aux ressources observées des élèves quel que soit leur degré de maîtrise est donc incontournable pour l’enseignant d’EPS afin ne pas tomber dans une pédagogie des manques longue, ennuyeuse et fastidieuse. Mais alors, sur quels aspects de l’activité peut-il jouer pour l’aménager et la rendre plus facile d’accès sans la dénaturer pour autant?
1. Un premier axe de réflexion
Il consiste à diminuer les contraintes réglementaires qui pèsent sur la mobilisation des joueurs sans pour autant altérer le sens originel de l’activité.
Par exemple en basket-ball, pour faciliter l’implication des élèves d’un premier niveau de pratique au collège, on peut simplifier l’activité à :
- un duel collectif entre deux équipes de 3 joueurs, qui se disputent un ballon
- une cible haute (un panier) à attaquer et une cible haute à défendre,
- la règle du non contact.
Par voie de conséquence le dribble, la règle du marcher ainsi que d’autres règles sont des contraintes que l’on peut momentanément aménager.
2. Un deuxième axe
Imaginer des aménagements matériels et/ou réglementaires en adéquation avec les ressources immédiatement disponibles des pratiquants et facilitant leur réussite dans l’activité. Cet aspect favorise l’émergence de nouvelles conduites.
Poursuivons notre illustration en basket avec des élèves débutants du cycle 3. Par exemple on délimite une zone, sur toute la largeur du terrain, plus ou moins proche de la cible, libre de tout défenseur. Cet espace assure la protection du tireur pour qu’il puisse shooter dans des conditions facilitantes de 1 contre 0.
Autre exemple : on peut également autoriser le porteur de balle à ne se déplacer vers la cible que si son couloir d’accès à la zone de marque est libre de défenseur. La réponse adaptative pour le porteur devient alors la perception de ce couloir libre pour avancer vers la cible.
Puis, au fur et à mesure de l’adaptation des joueurs à l’environnement proposé, il sera nécessaire d’ajuster à nouveau l’enjeu du jeu en introduisant progressivement d’autres aménagements susceptibles de faire émerger des conduites plus élaborées, et en phase avec le sens de l’activité pratiquée.
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