Le Plaisir en EPS, 3 ème Partie

Soumis par jmarcrigal@gmail.com le
Matériel Sport et Motricité
Texte

Troisième interview d'une série de 4 réalisées avec Philippe GAGNAIRE, professeur agrégé d'EPS et membre du "Groupe Plaisir" de l'AE-EPS.

L’enseignant a-t-il un impact sur le plaisir des élèves ?

Lorsque l’on parle du plaisir des élèves, la question de fond est de savoir si l’enseignant peut avoir un impact sur celui-ci. Si la réponse est non, ce n’est même pas la peine d’en parler ! Mais la réponse est oui, alors des précisions sont nécessaires…

Nous avions vu dans la 1ère vidéo que le plaisir est un ressenti intime et personnel, aussi quoi qu’on fasse, le plaisir ne se décrète pas, et c’est tant mieux ! En sport si on recherche le plaisir de pratiquer, on ne recherche pas que le plaisir ! Donc pas de prescription possible ni souhaitable du plaisir, il ne faudrait surtout pas créer une dictature du plaisir! Il est heureux que l’on ne puisse pas programmer à l’avance le plaisir obligatoire pour tous…

Par contre une modélisation du plaisir/déplaisir laisse entrevoir l’importance du milieu pédagogique créé par l’enseignant.

La dynamique plaisir/déplaisir dans les pratiques sportives se repère en 3 phases en boucle.

La phase 1 est caractérisé par certains déterminants et certaines conditions qui seront favorables ou non au fait que le pratiquant ressente du plaisir dans sa pratique.

La phase 2 est le plaisir ou déplaisir proprement dit vraiment ressenti, le pratiquant pourrait par exemple l’évaluer sur une échelle de -5 à +5.

La phase 3 correspond aux traces qui restent en mémoire de cette expérience sportive, celle-ci est vécue comme par exemple géniale, indifférente ou désagréable. Ce qu’il est important de savoir c’est que ces traces vont déterminer en partie les tendances à l’effort ou à l’abandon dans une future pratique que l’enfant jugera plus ou moins similaire. Autrement dit cette mémoire en phase 3 a un impact sur la prochaine phase 1, l’enfant arrive avec une nouvelle histoire.

Si nous revenons en phase 1, l'enseignant ne peut pas modifier les déterminants intimes et imprévisibles, propres à l'individu... Par contre il existe d’autres conditions à la mise en action de ce processus sur lesquelles l’enseignant aura une responsabilité. Il s’agit notamment d’une part du potentiel du milieu pédagogique et d’autre part de la puissance des expériences vécues.

Par exemple, la pertinence et la qualité de l'environnement, du matériel et des relations humaines sont essentielles, et responsables en partie du ressenti des pratiquants. De même que la prise en considération des sensibilités et des préoccupations des enfants. Et il ne faut surtout pas négliger la justesse des possibilités d'action et d'interaction offertes, par exemple le résultat en terme de ressenti dans la pratique peut être totalement différent si c’est trop facile ou trop difficile, si les autres sont dynamisants ou angoissants …

Nous voyons bien que la qualité du milieu éducatif dans lequel les enfants agissent a un impact sur le vécu de leur expérience, et donc sur l’état d’esprit qu’ils pourront avoir par la suite puisque ces traces inscrites en mémoire auront un rôle négatif, neutre ou positif sur leurs prochaines expériences.

Au final, ce n’est pas tant le plaisir qui pose problème à l’éducateur sportif… mais c’est son absence lors de la pratique des enfants ! Aussi il doit pouvoir disposer d’un certain nombre de principes et de pistes pédagogiques pour tenter d’y remédier.

 

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